AQUA ALTA- Pierre Labat - 17.05.19 / 14.06.19
Ou les vestiges d’un possible «Jour d’Après».
Dans la démarche de Pierre Labat, l’idée d’événement, omniprésente d’œuvre en œuvre, se produit plastiquement à différents degrés, niveaux et échelles. Elle se décline d’une part au travers d’une manière de "faire événement" à partir d’anecdotes et de détails et, d’autre part, de faire référence à "des-faits-qui-font-dates" aussi bien historiques que personnels. Dramatiques, telle que son départ du Japon alors qu’il était en résidence en 2011, ou heureux, telle que la naissance de celle dont il deviendra, des années plus tard, l'époux.
Autant de "moments-clefs-de-lecture" qui donnent une dimension humaine à des pièces très épurées dans le prolongement d’une tradition minimale, en combinant habilement idée et souvenir. Il est donc question ici de post-minimalisme, une pratique dans laquelle des objets «ni pauvres ni riches», des matériaux, des formes, des extraits sont précisément choisi.e.s car plastiquement signifiant.e.s par leur nature, qualités et présence pour être combiné.e.s à des gestes et interventions.
«On ne demandera donc pas quel est le sens d’un événement: l’événement c’est le sens lui-même.» (La Logique du Sens, Gilles Deleuze, 1969).
Des œuvres qui peuvent dès lors être, au même titre, appréhendées comme des événements car pleinement inscrites dans un espace et un contexte. Pratique qui requiert justesse, précision et rigueur, doublée chez Pierre Labat de facétie intellectuelle. Un "toucher juste" du clin d’œil, un T de l’instant que l’on peut savourer dans l’art du Haïku.
L’exposition AQUA ALTA se décline en trois formats, une intervention promotionnelle et déambulatoire composée de 57 affiches originales disséminées dans la ville, une installation de sculptures en forme d’exposition, une série encadrée de "notes d’attentions" tracées/collées en "point-ligne-plantes".
Au travers de la mélancolie et de son remède, Pierre Labat renvoie à la vanité des ouvrages et des êtres, toute aussi héroïque que dérisoire, en plaçant en quelque sorte l’humain à la perpendiculaire du temps.
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