Euskadunberri - 15.10.2020 / 07.11.2020
LES NOUVEAUX BASQUES ( EUSKALDUN BERRI )
15 Octobre au 07 Novembre 2020
MARGAUX HENRY THIEULLENT & GRÉGORY CUQUEL
Ayant fait le choix stratégique de s'éclipser des grandes métropoles il y a déjà quelques années, pour rejoindre la communauté de communes du CAB, les nouveaux Artistes Basques dont il est question dans l'exposition LES NOUVEAUX BASQUES
N'ont pas tardé à y développer des formes d'art hybrides, mêlant goûts et pratiques endémiques à leur base de données Big data d'enfants dégénérés de la culture Cyber-punk.
Chez Margaux Henry Thieullent, les couleurs dégorgent, tout sature, les écrans, le papier la toile ou les murs sont recouverts de "Glitch" forme d'artefact disruptif fluorescent, qui apparaît généralement quand la machine, “elle marche plus” !
Cependant, sa pratique plastique n'en est pas moins handicapée, les gestes de Margaux lorsqu’elle performe sont rapides chorégraphiques presque instinctifs, tout comme les formes empreintées à Matisse, Picasso, ou Cocteau qu'elle s'approprie sans rougir... Les esthétiques de l'art nouveau du cubisme du fauvisme sont comme régurgitées sur un écran brisé d'IPhone X récupéré aux objets trouvés d'une Rave party sauvage d'après le confinement. Un véritable throw-up de références artistiques et culturelles hautes en couleurs à la frontière du post-Vandalism.
Chez Grégory Cuquel que nous avions présenté il y a déjà quelques saisons au 5UN7, il n'est presque plus question de couleur, la pratique du dessin sur de très grands formats est quelque peu méditative, voire transcendantale.
Les traces, les rythmes, les formes géométriques, se répètent se superposent toujours dans des tons graphites. Il mélange dans un brouillard gris digne du Nosferatu de Murnau des "Mèmes" crypto-cool et du Cubisme de la première heure. Ou bien encore il hybride, du dessin Constructiviste d'avant-guerre et une publicité à l'esthétique hygiéniste désuète contre les reflux gastriques, mais encore, un bout de logo d'un groupe de Métal des années 90 recyclé en nature morte au crayon 9B, le tout structuré de raccords de plomberie en PVC (NF). Une orgie de motifs, de marqueurs graphiques et de formes ectoplasmiques de densités différentes, comme composés en niveau de gris par la mémoire aléatoire d'un photocopieur cassé.
Dès lors dans les descriptions succinctes que je viens de faire il est bien question d'hybridation de post culture, de niches crypto-cool des bas-fonds d'internet et de références choisies issues de l'art du début vingtième siècle.
EUSKALDUN BERRÌ ou LES NOUVEAUX BASQUES,
Sont à mon sens un mouvement créatif et instinctif, issue de cultures hybrides d'un pays basque on ne peut plus contemporain !
Comme le style Néo-Basque des années 20, influencé d'une part par les folklores et traditions basques de l'époque, et d'autres parts par le modernisme, le Cubisme, l'art Déco, le jazz, le Casino, et les fêtes d'après guerres, d'une côte basque en plein essor touristique culturel et artistique.
LES NOUVEAUX BASQUES réinterrogent par leurs pratiques et statuts d'artistes contemporain, la puissance évocatrice de certains courants déjà bien balisés de l'histoire de l'art, tout en y introduisant les sujets de leur propre réalité sociale d'habitants d'une zone frontalière clé en Europe :
Coincés entre la Rhune et l'océan, à la frontière avec le Nord hyper industrialisé de l'Espagne, ils vivent et produisent, avec pour horizons quelques zones commerciales et friches industrielles, quelques cités dortoirs et autres zones pavillonnaires, des flux migratoires abondants d'exotisme et fatigués d'espoir, des lots de contrefaçons comme source d'inspiration, un peu de drogue, du tourisme balnéaire, la violence d'une politique culturelle local ultra conservatrice, du Tuning, de la Chistera, du chômage, de la cyberpornographie, et de la post-culture indépendantiste basque, de l'urbanisation intensive du littoral, de grandes disparités sociales, de la pollution, du surf, du skate, du graffiti, des randonnées pédestres, de la Techno Machina, du Métal Sataniste, du Rap de Tessi, et, du fromage de la vallée d'Ossau Iraty...
Marc Henri Garcia, 2020.