SALONSAUVAGE - Groupe Show - 05.05.17 / 19.05.17

Thierry Riffis - Flioran Lafond - Sophie Louie - La collection privée de Mr Alban Terrier

 

C'est dans l'intimité de leurs appartements respectifs que nous avons élaborés pas à pas sur les parquets fatigués cette Empirie d'art hybride entre installation conceptuelle et salon test pour magazines déco. A la croisée des travaux de John Armleder et Jacques Garcia au centre culturel suisse et l'incontournable esthétique relationnelle de Nicolas Bourriaud nous avons pioché ci et là essayant de produire un accord parfois dissonant, parfois rond, parfois sauvage, parfois sophistiqué, assemblage des éléments de plusieurs vies, toutes bien menées ! De la taxidermie, du statuaire vodoo, du mobilier empire, des trompe l'oeil, de l'expressionnisme abstrait, du design des années 60, des catalogues de ventes aux enchères, des petits fours du champagne, pas de doute nous sommes chez un collectionneur invi(e)nté pour l’occasion.

Alban Terrier, est issu d'une famille de grands propriétaires minier du Nord de La France. Ayant fait fortune dans l'extraction de minerais de charbon près d'Arras en 1927 les Terrier quittent la Métropole pour rejoindre l'Empire des Indes en 1937 pressentant les conflits européens à venir, le père Nicolas investit massivement sa fortune dans l'exploitation des mines aurifères du Sud de la péninsule indienne, ce qui s'avérera très rentable jusqu'à l'indépendance du pays et la nationalisation des mines en 1947. Alban verra le jour en 1945 dans la ville française comptoir de la compagnie des Indes Orientales, Pondicherry . Il passe son enfance dans le tumulte des révoltes Sikh, Benghali, et la naissance du tout jeune Empire des Indes. Passionné d'art Tamoul, de croyances animistes Benghali, jeune fervent du Mahatmah, il suit un cursus en sciences humaines et en anthropologie des arts au royal collège de Mumbaí.

La poursuite de son enseignement lui fera quitter l'Inde pour la Faculté Californienne de UCLA en 1965 où il se liera d'amitié avec l'artiste performeur Paul McCarthy avec lequel il partagera la même passion pour le peintre parisien Jean Fautrier et le mouvement Informel encore ignoré par les critiques en France. Ses origines polyculturelles faciliteront son intégration à la jeune culture dissidente et antimilitariste Californienne de l’époque.

Tels les premiers pionniers de la Beat Generation il finira par rejoindre la côte Est des États-Unis en 1971 s'étant lié d'amitié pour la poétesse Patti Smith rencontrée par hasard lors d'un reportage photo sur le phénomène Hippy à Paris avec son ami Robert Mappelthorpe. Démuni et loin de ses racines la vie New Yorkaise ne lui réussit pas. Comme beaucoup d'anciens Beats il tombe dans la dépendance au speed, à la cocaïne et à l'héroïne en passant la plupart de ses soirées au CBGB où il côtoie aussi bien William Burroughs que la chanteuse Blondie, il finira par fuir New-York en fugitif suite à un dépôt de plainte à son encontre pour avoir giflé Andy Warhol lors d'un after à la Factory.

Il rejoint alors Londres en 1977 où il trouve un poste de professeur au Royal College of Art, mais très rapidement il sera écarté de l'enseignement s'étant fait surprendre avec une étudiante, Eugénie Fidzpatrick qui deviendra sa seule et unique femme en 1981( https:// goo.gl/images/aQk1LF). Ayant du temps pour lui et suivant sa compagne dans les bas fonds du Nord de Londres, il arpente le quartier d'Hampstead et découvre l'engouement de toute une génération pour ce qui va devenir le mouvement Punk. Il entame alors une série de documentaires photos sur ce genre nouveau qui seront le substrat des fanzines Sniffin'glue puis New Wave, dans lesquels figurent d'illustres inconnues comme Johnny Rotten, Sid Vicious, Malcolm Mclaren, Vivienne Westwood, Jean Paul Goude ou bien Ian Curtis et le très jeune Chanteur Australien Nick Cave récemment installé à Londres avec son groupe post-punk Birthday Party.

C'est avec ce dernier compagnon d'infortune qu'il suit son sens inné pour les cultures émergentes en Europe. Ils voyagent entre Amsterdam Londres et Berlin où ils assisteront tous deux au premières performances de l'artiste Blixa Bargeld et son groupe indus post punk précurseur incontournable du mouvement techno, Einstürzende Neubauten !

Au coeur des révoltes culturelles artistiques et politiques d'au moins cinq mouvements phare du siècle dernier Alban à survécu en dandy globe-trotter loufoque collectionnant des objets issus des moments de transition des cultures dans le monde.
En mêlant l'intimité de ses relations et l'Histoire des cultures indépendantes et des arts émergents l'exposition SALON SAUVAGE vise à promouvoir la puissance des hybridations formelles temporelles et culturelles ainsi que leurs évolutions polymorphes au sein de groupes sociaux émergents divers. Cette liberté d'affirmer des formes, nouvelles, hybrides ou divergentes a permis de faire évoluer (exploser) les dispositifs culturels déjà en place.

Grâce aux phénomènes d'appropriation et de re- contextualisation de l'objet d'art et de collection ALBAN TERRIER, tel un Marco Polo du XX ème siècle, nous fait rêver de son voyage au coeur de l'émergence du cool !

Marc Henri Garcia pour 5UN7.

http://www.tierryriffis.com